préambule
Extrait de la lettre du Professeur Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch.
(…) On sait que le 7 mai 1986 l’incendie qui faisait rage dans le bloc 4 de la centrale atomique de Tchernobyl fut éteint. Pourtant il y eut encore plusieurs rejets de gaz radioactifs en provenance du réacteur et le service de radioprotection de notre Institut enregistra une augmentation de 3 à 4 fois de la contamination radioactive dans le district de Narovlia (70 km de la centrale de Tchernobyl). L’exploit des centaines de milliers de jeunes gens - pompiers, soldats, mineurs “liquidateurs” - de ce terrible accident, ne connaît pas son pareil. Selon l’estimation des physiciens, il y avait dans le réacteur de la centrale de Tchernobyl près de 400 kg de plutonium. On estime que près de 100 kg de plutonium ont été rejetés dans l’environnement au moment de l’incendie (1 microgramme de plutonium est une dose mortelle pour un homme pesant 70 kg).
Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable. Une idée dangereusement fausse fait son chemin en Occident : du moment que les réacteurs de la centrale de Tchernobyl sont arrêtés, il paraît qu’il n’y a plus de risque d’explosion atomique. Or, tant que le combustible nucléaire se trouve à l’intérieur du réacteur en ruine, il présente un danger non seulement pour l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie mais pour les populations de l’Europe entière. Les peuples d’Europe devraient selon moi, être infiniment reconnaissants aux centaines de milliers de liquidateurs qui au prix de leur vie sauvèrent l’Europe d’un malheur atomique gravissime (…).
V.N. Nesterenko, janvier 2005
Membre-correspondant de l'Académie des Sciences du Belarus, professeur, docteur ès sciences techniques, liquidateur des conséquences de l'accident survenu à la centrale atomique de Tchernobyl en 1986.