From La supplication to The diagonal of Chernobyl
Un jour sur France Inter, un critique littéraire éclate en sanglots pour parler d’un livre qui l’a bouleversé. La Supplication n’est pas seulement un document sur le danger atomique, un travail journalistique c’est une oeuvre d’écrivain qui prendra place dans la grande littérature russe aux côtés de Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevsky des lettres de Sakhaline de Tchekhov et bien entendu aux côtés de Chalamov et Soljenytsine. Mais ici ce n’est pas le monde du goulag c’est un univers sans limite, c’est la Terre entière touchée peut être à mort pour l’éternité, car l’échelle humaine des milliers d’années d’irradiation c’est l’éternité.
Michel Polac, Le journal du Dimanche, 17 janvier 1999
La prière de Tchernobyl, Lavoir moderne parisien, avril-mai 2000
Dans un demi-cercle magique de chandelles et de stèles funéraires, les témoignages sont incarnés sans retouche. C’est un spectacle, pour ainsi dire, d’utilité publique. Il dit ce qui nous pend au nez et renvoie les optimistes à leur inconscience, leur imbécillité et leurs stock-options.
En sortant du spectacle sur Tchernobyl, on se dit ( selon la formule consacrée ) que « tout le reste est littérature.
Jean-Marc Stricker, chronique théâtre, France inter, 30 avril 2000
À Bordeaux, au TNT (un lieu à part, mais à part entière, installé dans une ancienne manufacture de chaussures) vient de se dérouler, les trois jours durant, une « confrontation » entre cinq propositions théâtrales à partir de la Supplication en présence de Svetlana Alexievitch. (…) La Prière de Tchernobyl (reprise du titre original) de Brut de Béton production, mise en scène par Bruno Boussagol, prend à bras le corps l’ensemble des voix et met justement l’accent sur le propos qui traverse l’oeuvre de l’auteur : interroger l’identité de l’être soviétique confronté à ces os universels que sont la mort (lire chez Plon Ensorcelés par la mort, autour du suicide) et l’amour (…).
Jean-Pierre Thibaudat, 15 Janvier 2003, Libération
Les traductions simultanées de La prière de Tchernobyl, de bouche à oreille chuchotées, ont indissociablement fait partie des représentations données les 10 et 13 avril 2002, au Théâtre de la Jeunesse de Gomel. (…) À Paris, le public, bien que recueilli, manifesta quelques signes d’impatience. On entendit des portes claquer. Au Puy-en-Velay, il s’est montré silencieux, pour ne pas déranger, sage, peur de faire grincer les sièges. À Grenoble, il s’est levé à la fin. À Gomel aussi, mais différemment… Les comédiens mirent un peu de temps à comprendre le passage, au-dessus d’eux, de ces bruissants entretiens venus de la salle, comme des messes basses dont on ne sait jamais de quoi il retourne. C’est ce qu’ils ont dit.
Dominique Machabert, Cassandre, Printemps 2002
Pendant la première, les acteurs du théâtre de Clermont-Ferrand (c’est de là-bas que le spectacle a été rapporté sur la scène biélorusse) entraient en scène, prononçaient et vivaient les mêmes dialogues que leurs collègues du Théâtre Républicain de la dramaturgie biélorusse. Du côté biélorusse, c’est Valérie Anissenko, directeur artistique du théâtre, qui s’occupait de la mise en scène. Luimême, il est entré en scène comme acteur avec toute sa troupe de théâtre… Quelques minutes après le début du spectacle, il était évident que « La Prière de Tchernobyl » allait devenir le spectacle le plus fort et le plus extraordinaire de la saison théâtrale. (…) Il est impossible de rester indifférent lors du spectacle car il s’agit d’une douleur nationale, mondiale dont le nom est Tchernobyl.
Youlia Palatchanina, avril 2002, traduction Larissa Guillemet
Festival « En attendant la Biélorussie », avril-mai 2003 à Clermont-Ferrand
L’enjeu que représentait pour des artistes russophones ou biélorussianophones, politisés ou pas, le fait de se produire en France était si important que tous se sont surpassés. (…) L’émotion fut à son comble lors de la soirée du 17 mai consacrée aux acteurs interdits de sortie du Théâtre de la dramaturgie biélorussienne. (…) Au-delà de toutes nos convictions et des diverses formes d’autoritarisme qu’il s’était agi de déjouer, le festival venait de se terminer et avec lui une magnifique aventure artistique et humaine (…).
Virginie Symaniec, Perspectives Biélorussiennes, numéro 30, 2003
“Les silences de Tchernobyl” par Guillaume Grandazzi et Frédéric Lemarchand (Autrement) (…)
La troupe « Brut de béton production » ne cesse de la [La supplication] jouer, en France et en Biélorussie, depuis cinq ans (en ce moment, et jusqu’au 23 mai, en tournée dans toute la France). Dans un splendide dialogue avec le philosophe Paul Virilio, l’auteur de « La supplication » le dit : Tchernobyl constitue « un saut dans une réalité totalement nouvelle. Ce qui s’est passé est au-delà non seulement de notre connaissance, mais aussi de notre imagination ».
Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 12 mai 2004
The diagonal of Chernobyl
Messe des morts à Tchernobyl
Le 26 avril 2006, à 1h16 du matin, à mi-parcours de « La diagonale », devant le sarcophage de béton, accompagnés d’acteurs s’exprimant dans toutes les langues parlées sur des territoires irradiés, reprendraient les témoignages des personnages de La Supplication sur les musiques du « grand chahut », tandis que derrière eux défileraient dans la nuit les images des paysages irradiés de la zone contaminée.
Arnaud Vernet, La montagne, Centre-France Dimanche, 26 décembre 2004
Naissance d’un requiem très dérangeant
Hier à Clermont, dans un an à Tchernobyl ! Les artistes de « La diagonale de Tchernobyl » ont présenté leur projet à l’Opéra municipal. C’était hier, à Clermont-Ferrand, la première d’un spectacle qui, dans un an, aura une résonance planétaire… ou confidentielle. (…) Sept de la quinzaine de musiciens qui composent le groupe [le grand chahut] ont déroulé un jazz post-nucléaire, très inspiré, et surtout remarquablement adapté aux images qui défilaient sur l’écran. (…) Musique obsédante, envoûtante, qui s’efface pour laisser parler les acteurs. Hier, des femmes en noir témoignant de l’horreur nucléaire. Des souvenirs tchernobyliens imaginés par les écrivains Jacques Séréna, Jean-Pierre Spilmont et Vincent de Swarte, et qui rappelaient ceux, réels, des témoins de l’oeuvre de Svetlana Alexievitch.
Arnaud Vernet, La Montagne, 27 avril 2005
Tchernobyl – 8 mois, La diagonale est en piste
Avec Bruno Boussagol les musiciens du Grand Chahut ont préparé à Billom leur périple de quatre mois de Tchernobyl à Clemront-Ferrand. « J’imagine d’abord le silence. Et puis un musicien. Et d’autres encore. Quelque chose qui va crescendo, et qui, à la fin, emmène même les gens du pays. Notre musique, on ne l’écrira pas comme les gens de l’Est, c’est pas notre truc, mais leur laisser une place, oui. Les faire intervenir forcément ! »
Arnaud Vernet, La Montagne, 26 août 2005
Tchernobyl – 7 mois, Difficile de représenter l’horreur
C’est dans un décor imaginé par le plasticien Pierre della Giustina que joueront, d’avril à août prochain, les cinquante artistes de « La diagonale de Tchernobyl ». Tchernobyl va néanmoins se rapprocher peu à peu de Pierre della Giiustina, - 7 mois aujourd’hui, et un travail immense à accomplir avec presque rien d’autre que l’intuition pour avancer : « Je ne théorise pas. Alors j’essaie plein de choses, je manipule… » Et il attrape une grosse maquette de bus qui semble sortir de l’explosion…
Arnaud Vernet, La Montagne Centre-France, 26 septembre 2005
Tchernobyl – 6 mois, Pour quelques atomes de démocratie
À l’initiative de Bruno Boussagol, un colloque aura lieu le 3 avril prochain, au Sénat, sur les conséquences de la catastrophe de 1986. Pourtant, à force de faire parler les victimes de la catastrophe dans son spectacle qui sera joué, dans six mois exactement, sur le site même du réacteur, le metteur en scène comment à faire bouger les choses et des étincelles de démocratie finissent pas éclore. (…) Aussi le 3 avril prochain, entre 9 heures et 13 heures, les deux sénateurs [Michèle André et Marie-Christine Blandin] s’exprimeront-elles au Sénat sur le sujet, ainsi que Bruno Boussagol, la créatrice de la CRII-RAD, Michèle Rivasi, des chercheurs, des journalistes… Pour ne pas laisser seul un spectacle dénoncer les ravages de Tchernobyl.
Arnaud Vernet, La Montagne Centre-France, 26 octobre 2005
Tchernobyl – 5 mois, Repérages devant le sarcophage-théâtre
Avant d’aller jouer, le 26 avril prochain devant le réacteur, le metteur en scène Bruno Boussagol s’est rendu sur place au début du mois pour découvrir son inquiétant théâtre. Il s’agira d’une veillée qui débutera le 25 avril à 23 heures, devant des milliers de bougies représentant les victimes, et au cours de laquelle se succéderont théâtre, musique et documentaires sur la catatsrophe. Et s’ils ne jouent pas à Pripiat [la ville morte] la trentaine d’artistes qui compose la troupe resteront une quinzaine de jours dans les villages autour de la zone contaminée pour comprendre, avec la population, comment on vit dans des endroits pareils. « C’est là que nous allons recueillir tout le matériel de notre futur et ultime spectacle sur Tchernobyl qui sera créé l’été prochain au cours d’un mois et demi de résidence en Auvergne ».
Arnaud Vernet, La Montagne Centre-France, 26 novembre 2005
“ La Diagonale de Tchernobyl ”, ou l’hommage aux morts.
Depuis quelque temps maintenant, le projet de Brut de Béton production fait, petit à petit, son chemin. Bouleversé par la lecture du livre de Svetlana Alexievitch, “ La Supplication ”, Bruno Boussagol, présentera la sixième mise en scène de ce livre-témoignage le 26 avril 2006, à l’occasion du 20ème anniversaire de la catastrophe nucléaire.
La diagonale de Tchernobyl, une catastrophe
Le 26 avril 1986, dans la nuit, le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl explose. Cette ville située à 60 km au Nord de Kiev en Ukraine (près de la frontière avec la Biélorussie) devient alors le plus terrible cimetière de la planète.
Si aujourd’hui encore, l’OMS, liée à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) présente un bilan officiel de 32 morts et d’environ 300 blessés graves, Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, parle, lui, de plus de neuf millions de victimes. Dans toute l’Europe, les maladies liées à cette catastrophe nucléaire se multiplient et provoquent des dizaines de milliers de décès. S’il l’on en croit les propos du Professeur Nesterenko (Membre-correspondant de l’Académie des Sciences du Belarus - janvier 2005), “ nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable. […] Les peuples d’Europe devraient, selon moi, être infiniment reconnaissants aux centaines de milliers de liquidateurs qui, au prix de leur vie, sauvèrent l’Europe d’un malheur atomique gravissime. ”
La diagonale de Tchernobyl, un spectacle
En avril 2005, Bruno Boussagol a lancé son projet à Clermont-Ferrand (ville jumelée depuis 1977 avec Gomel, seconde ville de Biélorussie, à 120 km de Tchernobyl, devenue, en 1986, la ville la plus irradiée du monde). Pour le XXe anniversaire de cette catastrophe, le metteur en scène de “ La prière de Tchernobyl ” (1999), prévoit en effet de jouer sa pièce fétiche sur le lieu même du réacteur ! Un projet grandissime : l’aventure débutera par une représentation de “ La diagonale de Tchernobyl ”, sixième mise en scène à partir du livre “ La Supplication ” de Svetlana Alexievitch (éd. J’ai lu) avec des acteurs français, biélorusses, ukrainiens, japonais jouant dans leur langue (les textes étant sous-titrés dans la langue du pays). Brut de Béton production (fondée en 1989 par Bruno Boussagol) s’associe à la compagnie Kumulus (théâtre de rue créé par Barthélémy Bompard), au Grand Chahut Collectif, regroupant une vingtaine de musiciens et au plasticien Pierre della Giustina pour cette représentation hors du commun.
Ce spectacle donnant la parole aux victimes, sera joué devant le réacteur dans la nuit du 25 au 26 avril 2006. Le caractère “ interdit ” de la zone fera que ce sera un spectacle sans public. “ D’ailleurs, nous jouons pour les morts ! ”. Juste une équipe de la 5e chaîne ukrainienne qui permettra tout de même au public de suivre, loin des radiations, les quelques six heures de représentations dont on sait qu’elles seront retransmises dans le cadre de l’émission ukrainienne “ Zone interdite ”. Les acteurs resteront un mois en Ukraine où ils séjourneront avec les populations et joueront leur spectacle, notamment à Kiev.
La diagonale de Tchernobyl, un livre
En partenariat avec le Centre régional du Livre Auvergne, Brut de Béton production a proposé aux auteurs qui ont participé depuis 4 ans à la manifestation Littinérance de soutenir La Diagonale de Tchernobyl, en écrivant un texte court nommant cette ville mythique. Présenté le 9 décembre 2005 dans les locaux du CRL Auvergne, il est désormais en vente dans la plupart des librairies clermontoises au prix de 10€.
La diagonale de Tchernobyl, un film
Bruno Boussagol a réalisé un film de 26 minutes, composé d’extraits d’archives, de documents prêtés et de séquences filmées en mars 2004 dans une “ zone interdite ” de Biélorussie. Les témoignages interprétés par Nathalie Vannereau, Elsa Carayon et Gabriel Chervalier, ont été enregistrés durant la tournée de Tchernobyl Now avec un tour de France pour sortir du nucléaire 2004. Les textes sont adaptés du livre “ La Supplication ” de Svetlana Alexievitch. La musique est du groupe Palats et de Tatiana Markel. Ce film (D.V.D.) non commercial est disponible gratuitement auprès de la compagnie.
“Tchernobyl ne fait que commencer. Il n’est jamais trop tard pour en parler.”
Portail du site internet de la culture Auvergne - 16 décembre 200